Feitio du Santo Daime
« Feitio » est le nom du rituel sacré de préparation du Sacrement Santo Daime. Le rituel est effectué, à toutes ses étapes, selon des règles rituelles et dans le plus grand respect, avec une dévotion silencieuse et une attention physique. Le Feitio, une cérémonie riche en symbolisme spirituel, remonte aux origines des peuples autochtones d’Amazonie. Avant que Mestre Irineu ne reçoive les instructions du Divin Féminin pour commencer la tradition Santo Daime, il avait suivi, avec des autochtones d’Amazonie, un apprentissage du rituel de fabrication de l’infusion sacré à partir de deux plantes, le Banisteriopsis caapi et le Psychotria viridis. Le Feitio témoigne de la continuité culturelle et de l’intégrité rituelle de la tradition du Santo Daime.
La préparation du Sacrement pour les Travaux du Santo Daime est considérée comme le rituel le plus important de la tradition. L’unité parmi les membres de la communauté est un facteur essentiel du Feitio. On croit que lorsque les chaudrons contenant les plantes et l’eau sont mis sur le feu pour la cuisson, toutes les questions et préoccupations de la communauté sont aussi en cours de cuisson, afin d’être transformées et résolues. Pendant la cuisson, tout ce qui monte à la surface des chaudrons est écumé. Ceci représente symboliquement le processus de ce qui monte – ou doit venir à la surface – au sein de la communauté.
Le Feitio est un rite initiatique pour la production du Sacrement, et doit être considéré par tous les participants comme un entraînement physique, mental et spirituel. Le Feitio est un rituel d’apprentissage, car la connaissance s’acquiert de manière progressive, en fonction de la capacité de chaque participant. Savoir-faire et perfection dans le Feitio sont en harmonie avec l’atteinte du développement spirituel. On vise à développer la dextérité, l’intelligence, la mémoire et la maîtrise technique de chaque étape du processus du Feitio.
Du début à la fin, le Feitio, est réalisé avec des prières et des hymnes, ainsi qu’avec des périodes de concentration et de silence. Comme c’est un Travail à part entière, on ne parle pas, sauf pour ce qui est jugé essentiel.
Le travail physique avec les plantes comporte plusieurs phases : localisation, taille ou cueillette, transport, nettoyage, martelage de la vigne, préparation des différentes concentrations, et détermination finale du Santo Daime. Chacune de ces étapes requiert l’expérience de techniques spécifiques qui garantissent les meilleurs résultats afin de produire un Daime qui apportera force, sagesse et Lumière dans les Travaux. Le miração personnel et l’harmonie dans la communauté dont on fait l’expérience dans les Travaux commencent dans le Feitio.
Il faut parfois des jours pour cueillir les feuilles et couper la vigne dans les vergers et la forêt. La connaissance des plantes, où les trouver et comment les identifier, est une sagesse qui se transmet d’aîné à apprenti et requiert beaucoup d’expérience et de connaissances. On dit que la Nature elle-même aidera : les personnes en harmonie avec la forêt et qui ont bu le Daime se sentiront guidées vers les plantes.
Au fur et à mesure que le Santo Daime s’est développé en Amérique du Sud et au niveau international, la demande de Sacrement a augmenté. Les deux plantes sont des plantes patrimoniales, protégées par le Ministère brésilien de l’environnement. La communauté du Santo Daime soutient et maintient des pratiques durables pour la collecte des plantes, en plantant des vergers d’arbres Psychotria viridis et en veillant à ce que la vigne, Banisteriopsis caapi soit à l’abri dans les forêts et seulement récoltée à une taille spécifique.
De nombreuses d’églises de Santo Daime n’autorisent que les membres de leur centre et les personnes affiliées à leur centre, à travailler dans le Feitio. Certaines églises reçoivent des non-fardados/non-Fardadas dans leurs Feitios à condition qu’ils leur soient personnellement recommandés et qu’ils soient respectueux et dévoués, avec un intérêt sincère pour le Santo Daime et le Feitio.
Dans les lignées orthodoxes, la collecte des feuilles des arbres est généralement le travail des femmes, tout comme le nettoyage et le tri des feuilles. Dans les centres indépendants, cependant, les hommes et les femmes participent souvent à la cueillette et à la préparation des feuilles et de la vigne.
La tenue vestimentaire du Feitio est modeste, dans des couleurs et des styles adaptés (pas de rouge ni de noir) au travail du Feitio : épaules couvertes, jupe ou robe mi-longue, ou pantalon long.
Une fois les feuilles cueillies sur les arbres, elles sont généralement transportées jusqu’à l’Église. Les feuilles sont triées et nettoyées, mises en tas puis rassemblées dans des sacs afin de les apporter à la maison du Feitio. Pendant le nettoyage des feuilles, on sert le Daime et on chante des hymnes ou on garde le silence. Les membres arrivent et repartent tranquillement, généralement par roulement de quelques heures, chacun faisant ce qu’il est capable de faire.
Une fois la vigne ramassée dans la forêt, elle est transportée jusqu’à la maison du Feitio. La vigne est alors lavée et grattée. Après le nettoyage commence le « bateção », le martèlement de la vigne en préparation de la cuisson. La partie de la maison du Feitio dédiée au bateção est généralement composée de 12 poteaux de bois répartis sur deux rangées avec un siège pour chaque poteau. Des marteaux spécifiques sont utilisés pour battre la vigne jusqu’à ce que le Jagube soit réduit en fibres.
Ce moment se passe en silence ou avec des hymnes chantés.
Au centre de la maison du Feitio se trouvent les feux ouverts sur lesquels le Daime est cuit. Les grandes casseroles sont préparées avec, en alternance, des couches de vigne macérée et des couches de feuilles, le tout recouvert d’eau pure, filtrée. Une fois la première cuisson terminée, le processus est répété pour créer les différentes concentrations du Sacrement. De grandes pagaies en bois sont utilisées pour travailler avec les plantes dans les chaudrons. Lorsque le Sacrement est prêt, il est versé dans un récipient, refroidi et emballé.
Il y a beaucoup de travail à faire dans la maison du Feitio pendant la cuisson, pour s’assurer que l’espace soit propre, que tout soit en ordre, que les provisions pour le feu soient disponibles. Certains feux sont au gaz, d’autres au bois. Les personnes chargées de superviser le Feitio sont nommées : Maîtres du Feitio, des individus expérimentés et guidés par la sagesse, la connaissance, l’astral et le Daime pour assurer la réalisation sacrée du Sacrement.
À la fin du Feitio, lorsque tout le Sacrement a été préparé, la congrégation se rassemble dans la maison du Feitio, hommes et femmes, pour chanter un Hinario (ensemble d’hymnes) choisi par les responsables de l’Église pour l’occasion. À ce moment-là, on sert le Sacrement du dernier chaudron du Feitio. Le Feitio est clôturé par les prières de la tradition.