L’expansion internationale et diversification confessionelle
La mort de Mestre Irineu en 1971 a entraîné une diversification au sein de la communauté du Santo Daime. Il s’agit d’un processus naturel, car dans l’histoire du développement humain, toutes les grandes traditions commencent par une graine – la vie et les enseignements d’un grand Maître. Après la croissance d’un mouvement et le passage d’un Maître (et parfois même au cours de sa vie), il faut s’attendre à ce que le tronc de l’arbre qui pousse de la graine se ramifie. Par exemple, il ya 2500 ans la semence plantée par la vie du Bouddha est devenue un arbre doté de nombreuses branches: le bouddhisme. Il y a 2000 ans la semence plantée par la vie de Jésus de Nazareth est devenue un grand arbre: le christianisme, également doté de nombreuses branches confessionnelles. À mesure que les pratiques spirituelles se propagent, les communautés se les approprient en intégrant des éléments de l’art traditionnel, des pratiques et de la symbolique culturelles, et de l’architecture. Les nouveaux enseignements sont souvent greffés ou tissés au sein des croyances, des rites et des rituels préexistant.
Rose (Photo par: Lou Gold)
La graine semée par la vie et les enseignements de Mestre Irineu a continué de croître. Il existe maintenant au Brésil de nombreux Centres Daimista dans le Santo Daime ; certains sont affiliés tandis que d’autres sont indépendants. Des Centres peuvent avoir sur la pratique spirituelle des vues diverses qui leur sont propres, chaque étude ayant son propre mérite. En outre, les Centres ont généralement une «saveur» et une mission de bienfaisance qui leur sont spécifiques. Il est considéré comme faisant partie de la tradition que le ou la responsable de chaque Centre, avec ses membres, identifieront une mission particulière pour le Centre en fonction d’une vision commune, de la connaissance spirituelle, de l’expérience, du karma, d’aspects culturels, ou d’autres facteurs. La structure du comité brésilien GMT / CONAD (groupe de travail multidisciplinaire et Conseil national antidrogues) reflète ce fait par la diversité de ses membres. Le comité est en effet composé de représentants du gouvernement, de membres de la communauté scientifique et de représentants des différentes lignées spirituelles utilisant l’Ayahuasca.
Tous les aspects de la vie, y compris les gens, les cultures et les croyances, font l’objet d’un processus d’évolution naturel. Plusieurs facteurs influencent la façon dont se développe un mouvement spirituel: facteurs culturels, sociaux, influences législatives, interprétations personnelles, avancements scientifiques et révélations visionnaires. Il est possible de demeurer aligné avec la « philosophie éternelle » que recèlent les enseignements essentiels de la tradition, tout en notant qu’avec le passage du temps, certains aspects des enseignements du Mestre qui étaient pertinents culturellement ou politiquement dans un lieu et à une époque donnés, peuvent ne plus l’être au sein de cultures différentes et de la conscience émergente de notre époque. Il faut beaucoup de discernement et d’intégrité, ainsi qu’une expérience vécue et directe des vérités spirituelles, pour préserver l’essence des enseignements de sagesse tout en supportant un éclectisme évolutionnaire.
On peut voir tout au long de l’histoire des traditions et mouvements religieux qu’il est possible pour les branches d’une religion ou d’une organisation de vivre en harmonie les unes avec les autres, si elles reconnaissent qu’elles ont les mêmes racines et font partie du même arbre. Le respect et l’harmonie peuvent être préservés lorsque des individus, des groupes et des organisations choisissent de vivre consciemment l’esprit et la vérité des enseignements sur la conscience – «l’essence sans forme», tout en reconnaissant la nécessité qu’a «la forme» – le rituel ou la pratique – de s’adapter à l’expérience humaine en continuelle expansion et transformation.
(Extraits de la graine, l’arbre et les branches, droits réservés 2007 Madrinha Jessica Rochester)